REBECCA , la couturière qui fait booster l’artisanat dans la Kara
« L’artisanat développe plus rapidement le pays ». C’est la première impression de Mme AMAH Rebecca. Élégante, toujours souriante et très engagée dans son métier, elle est la directrice de REBECCA CREATION, un centre de formation en stylisme et couture basé à Kara au sein de la maison des jeunes. Couture homme /dame ou couture mixte, tenues de mariages, tenues en vogue, coupes classiques ou traditionnelles (Bétékéli), bref toute sorte de tenue se confectionne chez REBECCA CREATION qui compte présentement près d’une centaine d’apprenants. Active depuis 1997 comme patronne, Rébeca a déjà formé plus de 300 apprenants dispersés aujourd’hui dans tous les coins du Togo, de l’Afrique et du monde (Bénin, Gabon, Nigéria, Burkina Faso, Etats Unis).
Eprouvant une réelle passion à la couture depuis son enfance, Rebecca, après ses études secondaires sanctionnées par le Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC) a décidé de faire de sa passion une véritable carrière. « J’ai eu mon BEPC en 1994, j’ai fait la seconde…Une fois j’ai été chez une couturière pour me coudre une jupe kaki, cette dernière a raté ce que je voulais. J’étais obligée de rester à ses côtés pour qu’elle reprenne les mesures et reconfectionner ainsi la jupe. Je me suis posée beaucoup de question et là j’ai eu la vocation de me lancer dans ce métier. Aussi notre maîtresse de l’enseignement ménagère m’encourageait beaucoup parce que j’avais de très bonnes notes dans sa matière (19/20, voire 20/20). Tout ceci m’a propulsé davantage dans la couture et j’ai quitté les bancs. J’ai été voir un maître tailleur pour commencer l’apprentissage auprès de lui, après deux mois, il s’étonnait de ma percée et après un an quelques mois il décida de me présenter à l’examen bien que je sois la benjamine des apprentis. Ce qui fut fait et sur 340 candidats, j’étais la 7ème. En 1997, j’avais déjà mon atelier. Ainsi j’ai décidé de venir aider mes petits frères et petites sœurs au centre de formation ici à la maison des jeunes à Kara pour partager mes connaissances avec d’autres personnes »
A REBECCA Création, c’est le travail avant tout, aime insister la directrice car selon elle, en couture, quand on fait une bonne production, un bon travail, quel que soit l’endroit où le couturier se trouve, les clients le dénichent et les commandes abondent. Rébecca a d’ailleurs un réseau de vendeurs qui viennent se procurer de différentes gammes de productions qu’ils revendent, chaque fois que la marchandise s’épuise, ils reviennent pour de nouveaux stocks. Le business de Rébecca tourne ainsi en plein régime et cette dernière est toujours fiers de son job : « Je suis très heureuse, je ne me plain pas, je me suffis largement. Je suis très contente de mon métier. Avec ça, je vis chez moi, j’ai ma moto. Rien ne me manque, je suis heureuse comme ça et chaque jour, je change mon habillement ».
Bien connue dans le monde de la mode et du stylisme, Rébecca est souvent présente à des foires sur le plan national et sous régional où elle fait couler également ses productions, mais aujourd’hui, avec le nouveau contexte mondial marqué par la COVID 19, Rébecca ne manque pas de stratégies pour faire fonctionner davantage son entreprise « maintenant qu’il y a corona, j’ai eu l’idée d’exposer au bord de la route et certains viennent prendre pour faire le tour de service en service, ils le font même de porte en porte, bien sûr dans le respect des mesures barrières, ils essayent de vendre. Corona ou pas, nous on travaille, l’homme doit s’habiller, l’homme a besoin de changement ; quand il a la bonne santé, il change son look ».
Il faut aussi souligner qu’à Kara, des étudiants intéressés par ce métiers sont toujours au centre des jeunes chez Rébecca pour la formation quand ils n’ont pas cours sur le campus.
Rébecca insiste sur l’apport important de l’artisanat dans le développement d’une nation et salue les efforts que mènent les autorités togolaises pour l’essor et la promotion de ce secteur qui apporte d’ailleurs 18% au PIB de l’économie. Elle ne cache pas son euphorie par rapport à la carte professionnelle d’artisan qu’elle trouve non seulement innovant mais aussi et surtout capital pour un artisan digne de ce nom « l’artisanat développe plus rapidement le pays. Sans l’artisanat le pays n’est rien, sans nous les artisans, le pays n’est rien. Nous remercions beaucoup le gouvernement pour tout ce qu’il entreprend pour notre avancement et nous le sollicitons toujours pour divers autres appuis. A propos de la Carte Professionnelle d’Artisan, je vous rassure que je l’aie depuis ! je suis affiliée à la Chambre Régionale de Métiers de Kara. Moi je travaille avec beaucoup de structures, beaucoup de services me passent la commande. ANADEB m’a même confié quelques femmes rurales pour formation et recyclage. La carte professionnelle est donc importante pour moi, sans cette carte, ça me serait difficile d’avoir des contrats de prestations de services. Je suis donc officiellement reconnue. Ceux qui n’ont pas leurs cartes, je crois que c’est par manque d’informations, sinon, ils ne savent pas ce qu’ils cherchent. Il ne faut pas évoluer dans la clandestinité, il faut se faire voir ».
En termes de conseil à l’égard de la jeunesse, Rébecca exhorte les jeunes à s’adonner à un métier pour se valoriser eux-mêmes, pour pouvoir apprendre à gagner leur pain quotidien, pour servir le pays et œuvrer ainsi à la construction d’une nation épanouie et prospère. « Le conseil que j’ai à l’endroit des jeunes filles et garçons c’est de leur dire de ne pas tout attendre du gouvernement, la couture étant un métier porteur, ils n’ont qu’à venir vers nous et nous aussi nous allons les aider. Il faut travailler, il y a des métiers porteurs tels que la coiffure, la couture, la menuiserie, la soudure etc. Particulièrement aux jeunes filles et dames, je dis qu’il ne faut pas tout attendre de l’homme. Quand l’homme te donne quelque chose, toi la femme, accompagne-le aussi pour l’évolution du foyer ».
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