Coopérative Lan-Tande dans la région des Savanes
Quand les femmes s’engagent et se prennent en charge…
Située sur la nationale n°1 à Dapaong, précisément à Worougou non loin du CRETFP, la Coopérative Lan-Tande est constituée de femmes spécialisées dans le tissage de pagnes traditionnels, de serviettes, de sacs, de nappes de tables à base du coton. L’histoire de cette Coopérative commença au Centre d’Autopromotion Féminine (CEDAF) quand un groupe de femmes à la fin de leur formation décidèrent de se lancer à leur propre compte. Ces femmes n’avaient alors d’autre choix que de sillonner les rues, marchés et places publiques de Dapaong et ses banlieues pour le markéting et la vente de leurs articles.
Elles ont alors jugé utile de mettre en place une coopérative afin de mieux coordonner leurs idées et de développer ensemble leurs activités et prouver ainsi à tout le monde qu’elles sont déterminées en tant que femmes à réussir et préparer un futur meilleur à leurs familles respectives. « Quand on allait dans les marchés, les femmes achètent et donnent seulement la moitié de l’argent, c’est dans ça que nous retournons payer le fil pour continuer le travail, c’est dans ça également que nous faisons la popote pour la maison et s’occuper des fournitures des enfants. Nous avons alors constitué cette coopérative qui nous aide beaucoup car toutes les femmes en bénéficient. Nous ne nous plaignons pas, nous subvenons maintenant très bien aux besoins de nos familles », explique la responsable de la Coopérative Lan-Tande, Mme KOMBATE Bamboguiti.
La Coopérative Lan-Tande compte 70 femmes et s’organise de façon efficiente pour la mise en œuvre des activités, la formation et le suivi des apprentis ainsi que l’entretien des lieux. Ces femmes se sont subdivisées en trois groupes et mènent des réunions de façon rotative chaque lundi, mercredi et jeudi. Elles sont d’ailleurs aux côtés de leurs maris pendant certaines saisons pour le semis et la récolte des produits agricoles.
Ne disposant pas d’assez d’espace dans le magasin de la coopérative, le travail proprement dit se fait dans les maisons des membres et les articles sont ensuite convoyés au magasin pour exposition et vente. Après la vente, il est prélevé 100 F ou 200 F CFA sur chaque marchandise pour la caisse spéciale de la coopérative. Cette caisse permet de gérer certaines petites urgences et de trouver un petit salaire au gardien. « C’est une coopérative qui existait depuis mais on ne disposait pas de bâtiment, c’est grâce à la GIZ que nous avons pu monter un projet et l’ambassade d’Allemagne nous a appuyé pour construire le bâtiment qui est opérationnel depuis 2019 », note la responsable.
Même si la Covid-19 est venue tout chambouler, les femmes de la Coopérative Lan-Tande ont bon espoir que les activités reprendront leur cour normale et qu’elles vont se rattraper en matière de vente de leurs articles. Avant la Covid, tout allait bien, les articles étaient bien vendus. Elles étaient mêmes invitées à certaines foires, en l’occurrence le Marché international de l’Artisanat Togolais (MIATO) qui a été pour cette coopérative de femmes rurales et artisanes une expérience très enrichissante car elles ont non seulement bien vendu beaucoup d’articles mais elles ont également et surtout tissé des relations de B to B qui leur permettent d’avoir un carnet d’adresse bien fourni et de pouvoir évoluer dans la sphère du business. « Nous avons même remporté un prix à la première édition du MIATO (2ème prix CODEPA). Nous sommes revenues toutes joyeuses. On s’organisait pour une exposition en Côte d’ivoire après le MIATO mais finalement, faute de moyens, on n’a pas pu. Déjà avec le MIATO, nous sommes connues et les gens savent de quoi nous sommes capables. Nous sommes maintenant prêtes et nous-nous engageons pour les prochaines fois à être davantage présentes sur les foires du Togo ou de la sous-région afin de faire encore notre visibilité », indique la responsable de la Coopérative.
Engagées, motivées, déterminées, les femmes de la Coopérative Lan-Tande font quand même face à certaines difficultés qui impactent sur leur entreprenariat malgré la fougue de volonté qui les animent. Ces difficultés se situent principalement à deux niveaux. D’abord le problème de stockage des produits issus du tissage. Elles ont certes un magasin aujourd’hui grâce à l’appui de la GIZ et de l’Ambassade d’Allemagne, magasin qui leur permet d’exposer quelques articles et de former les apprentis mais le grand lot des articles ne trouve pas de place pour une véritable exposition. « On a plein d’articles, les femmes ont tissé beaucoup de pagnes, mais le lieu de stockage est le problème ; on n’a pas de magasin de vente proprement dit, s’il y avait de place, on devrait tout exposer dans ce magasin. Les femmes sont obligées, quand il y a de grands évènements de transporter leurs articles et parcourir des kilomètres pour aller exposer. Nous prions que le gouvernement nous trouve aussi un emplacement, mêmes si c’est une petite boutique à Lomé pour nos articles ».
L’autre difficulté, reste celui du fil. C’est vrai que le tissage est une activité importante dans certaines régions du Togo, notamment la région Centrale et celle des Savanes, mais les tisserands se plaignent toujours du manque de fil qu’ils sont obligés d’aller chercher hors des frontières du pays. « On cultive le coton au Togo mais on n’a pas d’usine pour le transformer en fil afin qu’on puisse l’exploiter. Nous sommes obligées de nous déplacer jusqu’au Burkina pour acheter le fil », affirme Madame KOMBATE.
En attendant que le Togo puisse disposer d’une usine et palier à ce problème de fil, les femmes de la coopérative Lan-Tande lancent un appel à l’endroit des autorités afin qu’on puisse leur délivrer un laisser passer ou tout simplement leur alléger les formalités douanières pour qu’elles arrivent aisément à se procurer de ce fil de l’autre côté de la frontière, c’est-à dire au Burkina Faso.
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